Sortie de salle après Sin City: J'ai tué pour elle de
Robert Rodriguez et Frank Miller. Pour ceux (peu nombreux j'espère) qui ne
verraient pas de quoi je parle, petit rappel des faits. Sin City est adapté de The
Hard Goodbye, une série de comics scénarisée et dessinée par Frank
Miller et publiée dès avril 1991 aux USA. En 2005 c'est Robert Rodriguez
acolyte de Quentin Tarantino qui entreprend de transposer l'univers visuel si
particulier de Miller au cinéma avec la collaboration de ce dernier. Le film
reçoit un excellent accueil aussi bien de la part des critiques que des
spectateurs (78% d'avis positifs sur Rotten
Tomatoes, 3,6/5 pour les critiques et 4/5 pour les spectateurs sur Allociné).
Sin
City est nommé pour la palme d'or à Cannes en 2005 et Robert Rodriguez
y reçoit le Prix Vulcain de
l'Artiste-Technicien. Au box-office le succès est également au rendez-vous
avec plus de 1 200 000 spectateurs en France. Vous l'aurez compris, l'essai est
transformé pour Rodriguez et Miller. Avec son casting exceptionnel et son
originalité, Sin City entre directement au panthéon des films cultes du
début du XXIe siècle. Il est aussi à noter que Quentin Tarantino
himself a réalisé une des séquences du film pour un dollar symbolique, un
argument marketing de poids pour la production. Fin de la minute culturelle, revenons-en
au film qui nous intéresse aujourd'hui.
Depuis sa sortie en France mercredi dernier, Sin City: J'ai tué pour elle
reçoit un accueil critique mitigé alors qu'il est encensé par les spectateurs.
Pour ma part cette suite à un des mes films préférés fut une déception. Mais
alors, est-ce que ça veut dire que je suis en train de devenir un critique,
arrogant, plein de certitudes et tout ce qui va avec ? :o J'espère que non ! Le
fait est qu'à la manière d'un ancien combattant ce film m'a laissé une
impression persistante de "c'était mieux avant." Et pourtant je me
suis rendu à cette séance avec toute la bienveillance du monde. Le premier
volet était une claque, autant visuelle que scénaristique. C'était du jamais vu
! Tellement stylisé, transgressant toutes les règles de vraisemblance ou de
bienséance ! Enfin bref, un film génial quoi. Le deuxième opus quant à lui
n'est pas si éloigné du premier, et c'est peut-être bien ça le problème. Là où Sin
City nous surprenait par son originalité et sa violence, Sin
City: J'ai tué pour elle nous montre ce qu'on s'attendait à voir mais
pas plus. Les cascades des Marv ont définitivement perdu toute crédibilité, Jessica
Alba (Performance la plus sexy au MTV Movie Awards de 2005 pour Sin
City) n'est plus aussi belle et désirable, Dwight McCarthy perd une
bonne part de son charisme en passant de Clive Owen à Josh Brolin, Devon Aoki
était mieux en petite chinoise tueuse… Le côté justicier sans peur que rien
n'arrête et qui faisait la spécificité des personnages du premier film s'atténue
également.
J'en veux pour preuve le personnage de Joseph Gordon-Levitt. Son
arrivée au casting était pourtant pleine de promesse. Mais selon moi, le
personnage de Johnny est trop faible trop impuissant pour s'intégrer à la pléiade
de personnages hors du commun du premier volet. Alors vous me direz, c'est une
adaptation du comics, Rodriguez et Miller en ont suivi le scénario, mais bon...
Dans ce deuxième opus rien ne change vraiment mais tout est plus fade. Sin
City: J'ai tué pour elle n'est pas un mauvais film, mais il n'est
clairement pas à la hauteur de mes attentes.
A French Watcher