jeudi 28 novembre 2013

De Following à The Dark Knight Rises, comment Christopher Nolan est devenu un des réalisateurs à succès d'Hollywood ?

Qui parmi vous n'a jamais vu un Nolan ? Que ce soit avec la saga Batman ou avec Inception, nous avons tous ou presque déjà eu une expérience cinématographique avec le réalisateur britannique. Et je vous parle bien d'une expérience et non pas d'un simple film. Narration non linéaire, twist final, utilisation du noir et blanc, c'est ça Christopher Nolan.

                Avec ce style pour le moins original rien ne prédestinait Nolan à devenir l'un des réalisateurs les plus courtisés d'Hollywood. L'histoire commence en 1996, lorsque Christopher et son frère Jonathan rédigent le scénario de Memento lors d'un voyage entre Chicago et Los Angeles. On pourrait résumer le génie narratif de Christopher Nolan par une seule de ses idées. Prendre l'histoire que Jonathan et lui avaient écrite et la monter à l'envers. C'est sur ce modèle que le scénario final voit le jour. En 1997 il tombe entre les mains d'Aaron Ryder l'un des dirigeants de Newmarket Films. «Le script le plus innovant que j’ai jamais vu, » c'est en ces termes que Ryder qualifie le scénario de Nolan. Trois ans et 4,5 millions de dollars plus tard Memento était dans les salles. Avec le prix du jury au Festival du cinéma américain de Deauville en 2000, deux nominations aux Oscars en 2002 et le prix du meilleur nouveau cinéaste aux MTV Movie Awards pour Christopher également en 2002, Memento est un énorme succès critique et public. Avec ce film, Nolan éclabousse Hollywood de son talent. A l'aube du troisième millénaire, plus personne dans l'industrie du cinéma ne peut ignorer ce jeune réalisateur britannique. Et c'est la Warner qui lui offre l'opportunité de récidiver en lui confiant la réalisation de la nouvelle trilogie Batman. La suite vous la connaissez. Nolan surf de succès en succès. Le prestige, Inception et les deux derniers Batman le font définitivement entrer parmi les grands d'Hollywood.

                On peut s'interroger sur la recette d'un tel succès. Cela peut paraître paradoxal mais c'est en fait le style atypique de Nolan qui en fait un réalisateur populaire. Prenons l'exemple d'Inception, un des Nolan les plus connus. Une mise en abîme c'est bien, mais trois ou quatre c'est beaucoup mieux. Le temps et l'espace sont réinventés et la fin ouverte pousse le public à s'interroger. Ainsi les intellectuels du cinéma sont aux anges et les spectateurs refont le film pour trouver une réponse à cette situation finale énigmatique. Cobb est-il encore dans son rêve ou bien en est-il sorti ? Nolan n'a jamais donné publiquement de réponse à cette question. Ca vous a fasciné et vous en avez parlé, voilà, entre autres, ce qui a fait le succès d'Inception. C'est cette virtuosité dans la narration qui fait de Christopher Nolan un réalisateur à succès. Parce qu'après tout, le cinéma c'est d'abord raconter des histoires, et dans ce domaine Nolan est l'un des meilleurs.

A French Watcher

dimanche 2 juin 2013

The House of the Devil

Samedi 1er juin 2013, fin du visionnage de The House of the Devil de Ti West qui à notamment participé au projet V/H/S, found footage américain en plusieurs séquences réalisées par différents réalisateurs, sorti en 2012. Pour ce qui est du film qui nous intéresse aujourd’hui il est sorti en 2009 et met en scène Samantha (interprétée par Jocelin Donahue), une étudiante à la recherche d’un job pour payer son premier loyer. Bref rien de bien fou ou novateur au niveau de l’histoire. Elle est engagée par une famille pour finalement garder une grand-mère… mais en fait non, c’était une secte sataniste !!! N’ayez crainte, je ne viens pas de vous spoiler le film, en fait on le sait depuis le début grâce à une étude sortie d’on ne sait où mais qui nous indique clairement que dans les années 80 (c’est important mais on y reviendra) la majorité des citoyens américains adultes croyait en l’existence de sectes sataniques. Donc en gros, on sait, pas de suspens donc. Vous me direz, le film compense peut-être avec une super mise en scène. Eh bien non ! C’est lent, lent à démarrer en fait. Le film dure 1 h 33 et à 24 minutes de la fin il ne s’est toujours rien passé. Enfin rien, je suis mauvaise langue, on a eu droit à la subreptice vision d’un mec (mort apparemment) allongé dans ce qui semble être un pentacle satanique. C’est tout… Et quand il reste moins de dix minutes de film et qu’il ne s’est encore rien passé, on commence à se poser des questions sur la qualité de la production qui nous est donnée de voir. Mais bon comme il ne restait que 10 minutes et que je n’avais rien de mieux à faire j’ai continué, et j’ai plutôt bien fait, parce que c’est à partir de ce moment là qu’on commence à voir des choses un peu plus intéressantes (j’ai dis « un peu plus » ne vous emballez pas non plus).
D’abord c’est à ce moment là que je me suis dit que le rendu années 80 était assez bon et que ça c’était déjà quelque chose à mettre au crédit du film. Surtout qu’il n’y a pas que la costumière (Robin Fitzgerald) qui ait bossé, en cadrage et en post-prod aussi ils se sont donné. Eh oui, un gros zoom ultra rapide par ci, un générique en grosse lettre jaune et pointillé par là. Le rendu est assez homogène et je me suis même surpris à aller revérifier le nom du réal pour être sur de ne pas m’être trompé de film.
Dans la série des trucs qui marche plutôt bien, on a eu droit à un plan assez sympa et qui marque pour moi, le début de la partie intéressante du film. Je veux parler de la scène dans les escaliers du grenier. L’éclairage est bien réussi et donne une bonne ambiance, et la vieille main qui se glisse par l’entrebâillement de la porte pourrait presque nous faire monter des frissons.
Oui mais voilà, entre temps on a droit à la fameuse coupure générale de courant pendant l’éclipse totale de lune ! Plutôt mystique non ? Ca me fait d’ailleurs pensé, je ne vous ai pas encore parlé de cette histoire d’éclipse. C’est parce que en fait, selon moi, c’est pas très important, même si Ti West essaye d’en faire un élément centrale de son long métrage. Donc du coup maintenant que j’ai commencé… cette éclipse c’est le moment choisi par les satanistes pour invoquer leur maître. On en revient au film. Alors autant sur la scène d’avant, le chef op avait été bon, autant une fois qu’il n’a plus de courant (vous me direz c’est normal pour un chef op LOL [j’ai honte de cette blague nulle]) l’éclairage est tout bidon ! Donc bah c’est moche et ça casse un peu l’ambiance. Entre la coupure de courant et l’apparition de la main on a droit à la bien connu ombre des pieds du méchants sous la porte. Et après, au moment où on attend un truc géant qui fait bien peur… l’héroïne tombe dans les pommes… Coupé ! Ensuite c’est noir avec des flashs et un son assourdi (raccord avec le moment où l’héroïne tombe dans les pomme : +1 pour le mixage) Samantha se réveil attaché au milieu de son pentacle, elle hurle et franchement ça rend plutôt bien. En plus les flashs c’est une bonne idée de mise en scène et je me suis presque dis que finalement ce film allait arriver à quelque chose. Surtout qu’après Sam s’enfuie dans le cimetière d’à côté (c’est cliché mais ça marche toujours). Oui mais voilà, c’était trop bien réussi pour être dans The House of the Devil ! Parce que tous ces cultes satanique ça partait plutôt bien jusqu’à ce que la prêtresse de Satan sorte son crâne de vache africaine et l’utilise comme récipient pour son sang… Ramassis de cliché informe… Et encore s’il n’y avait que ça, eh oui juste après, notre héroïne, qui sent qu’après avoir subit un rite satanique il y a quelque chose qui ne va plus trop chez elle, décide de se suicider… Une chute toute pourrie… Surtout qu’elle survie ! Alors que 30 minutes plus tôt sa copine s’est fait littéralement désintégrer le visage avec le même flingue, bah non elle c’est l’héroïne alors elle survie…
Et on termine sur une bonne idée qui aurait peut être méritée que le film s’y attarde plus au lieu de simplement l’évoquer : notre héroïne a survécue et est enceinte du Diable ! Ca peut expliquer son étonnante résistance aux balles d’ailleurs.
Voilà, je crois que vous avez compris, même s’il y a deux trois éléments satisfaisants, devant The House of the Devil tantôt on s’ennuie, tantôt on est un peu atterré. Bien sûr on peut toujours trouvé pire. Le truc c’est qu’un mauvais film qui ne se prend pas au sérieux ça passe plutôt bien. Mais un mauvais film qui se prend pour un chef d’œuvre ça ça craint !

A French Watcher

samedi 25 mai 2013

Evil Dead

Jeudi 16 mai, 23h, sortie de salle après Evil Dead de Fede Alvarez. Et oui, aujourd’hui plus encore que pour Saw ou The Crazies, on va trembler de peur… Pour ceux qui ne le sauraient pas, Evil Dead c’est une saga culte du cinéma d’horreur. Une référence du genre, sorti en 1981 et qu’on doit à Sam Raimi qui se verra confié 21 ans après, l’adaptation cinématographique de Spider-Man ou encore Le monde fantastique d’Oz préquelle du très célébrissime Magicien d’Oz (1939) de Victor Fleming, rien à voir avec la pénicilline, mais nous nous égarons là. Je reprends. Sam Raimi, à la fois grand maître de l’horreur dans les années 80 et mercenaire du gigantisme des studios Hollywoodiens (Walt Disney Pictures en l’occurrence)  avec un blockbuster pour enfant dans les années 2010. Ce que je veux dire c’est que Sam Raimi réalisant une préquelle du Magicien d’Oz ça me fait un peu le même effet que Stephen King écrivant une suite du Petit chaperon rouge ou encore qu’Eli Roth réalisant un remake de 1001 pattes. Mais trêve de digression, on en revient à ce qui nous intéresse, à savoir 2013, Fede Alvarez et son reboot (comme un remake mais qui prend des libertés sur l’histoire originale) d’Evil Dead.

                Alors l’histoire est la suivante : un groupe de jeunes vont s’isoler dans une cabane au milieu des bois (jusque là ça change pas trop de l’original) pour aider une de leurs amis à vaincre sa toxicomanie (bon là plus rien à voir avec l’original mais on s’en fou c’est un reboot). Une addiction assez sévère au demeurant puisqu’elle l’a déjà envoyé à l’hosto une fois avec overdose, vomi, arrêt cardiaque, défibrillateur enfin la totale quoi. Précisons également que ladite cabane appartenait à la mère de le tox et du héros, morte quelques années auparavant à la suite d’une profonde démence. Pas très joyeux tout ça. Mais passons, l’histoire commence réellement lorsque l’intello de la bande (le mec à cheveux long et à lunette) lit une prière étrange dans un livre.
Petite pause pour exprimer deux petites choses qui m’ont tracassé à ce moment là du film. Tout d’abord, l’intello garde une profonde rancœur contre le héros beau gosse dont on ignore la cause. Ca passe encore vous me direz, on a pas besoin de tout savoir. Certes, le problème que ça m’a posé c’est que cette relation pour le moins conflictuelle a l’air d’être un élément super important de l’intrigue et que jusqu’à la fin du film Alvarez n’aura de cesse d’y faire allusion. On est quand même en droit de se dire que c’est un truc qui va faire avancé l’histoire où qui nous donne un élément de compréhension pour la suite. Eh bien pas du tout ! On sait ni pourquoi ni comment ça a commencé et en fait on s’en fou. Voilà, c’était le premier coup de gueule. La deuxième chose c’est le livre. Enfin pas le livre mais plutôt la raison qui pousse l’intello à l’ouvrir et à lire, au pif et à haute voix, des phrases dedans. Ce que vous devez savoir c’est que les personnages ont découvert ce livre quelques minutes plus tôt, au sous-sol et qu’il était soigneusement emballé dans un sac plastique et du barbelé. Mais il y a plus. Parce que le sous-sol, c’est pas juste un sous-sol noir qui fait peur. C’est noir, ça fait peur et il y a des dizaines d’animaux mort en décomposition qui sont pendus au plafond ! Donc ils trouvent le livre et le rapporte à l’étage. L’intello s’isole pour bouquiner et la première page dit clairement « NE LISPAS CE LIVRE !!!! ». Par conséquent, il lit à haute voix la prière la plus bizarre qu’il peut y trouver. Vous voyez quand je parlais de personnages stupides dans les films d’horreur. Voilà pour les choses qui m’ont posées problème au début.
Mais  dans le fond si l’intello n’avait pas fait tant de zèle, il n’aurait jamais libéré le mal et donc il n’y aurait jamais eu de film. Et puis je me moque mais l’idée originale, qui vient de l’esprit de Sam Raimi, est plutôt bonne et n’a rien à envier à The Ring ou The Grudge.
Sam Raimi qui est d’ailleurs coproducteur sur le reboot de son propre film, tout comme Romero sur The Crazies mais aussi coauteur, et ça c’est pas mal, surtout pour un reboot. Au moins on est sûr que ça partira pas dans n’importe quoi et que ça ne pervertira pas l’esprit de l’œuvre originale. En plus, les deux autres producteurs ne sont autres que Bruce Campbell (acteur principal de l’original) et Robert Tapert (producteur de l’original). Vous l’aurez compris, ce reboot a été fait entre gens qui s’y connaissent en Evil Dead.
Et ça marche ! Pour un premier long-métrage, s’attaquer à un monument comme Evil Dead il fallait oser. On appréciera donc tous l’audace d’Alvarez. Audacieux et réussit avec ça. La mise en scène du début du film est top et même si on pourrait trouver à redire sur le jeu des acteurs l’ensemble est vraiment cohérent.
On va rapidement se pencher sur les acteurs même si en réalité il n’y a pas grand-chose à en dire. Jane Levy qui incarne Mia, notre tox et première possédée, n’a tourné que dans quelques séries au USA. Shiloh Fernandez, qui incarne David, le héro et frère de Mia, a pour sa part été vu dans Le chaperon rouge de Catherine Hardwicke (réal de Twilight, juste pour resituer). Jessica Lucas, la belle infirmière métisse, a pas mal de séries à son actif ainsi que quelque film comme Cloverfied. Quant à notre intello, Lou Taylor Pucci, il a reçu l’ours d’argent du meilleur acteur en 2005 pour Âge difficile obscur. Voilà, on a fait le tour.
Ce qui était, à mon sens, remarquable dans le premier Evil Dead, c’était le fait que Sam Raimi ait réussi à faire un vrai bon film d’horreur avec des moyens dérisoires (350 000 $). Pour Fede Alvarez l’enjeu n’est plus du tout le même puisqu’il disposait de 17 millions de dollars pour faire son film. Vous vous en doutez, le Evil Dead de 2013 n’a plus rien à voir avec celui de 1981 avec ses images pas toujours très bien éclairées, son montage son approximatif et ses effets spéciaux artisanaux, et heureusement ! Avec 50 fois plus d’argent c’est tout de même plus facile.
C’est très bien fait et comme dans le premier on ne lésine pas sur le faux sang, mais comme dans le premier trop de faux sang… c’est plus trop marrant au bout d’un moment. De mon point de vue, le film aurait pu se passer de la scène de combat final (que Fede Alvarez a qualifiée de « scène la plus gore de tous les temps ») et se finir sur le mort de Shiloh Fernandez tué par sa sœur qu’il croyait avoir sauvé. Mais non, le réalisateur en a décidé autrement. Je ne vous raconterais pas la fin mais laissez moi juste vous dire que pour ma part elle fait passé le film d’excellent à moyen. Trop c’est trop et pourtant je ne crains pas le faux sang, mais là c’est vraiment too much ! L’impression que tout cela m’a laissé c’est qu’on ne peut pas faire un bon Evil Dead sans tronçonneuse. Pour moi Fede Alvarez est passé à côté d’une super fin tout ça pour placer une scène de tronçonneuse.
Sans cela ce film aurait sans doute été un des meilleurs films d’horreur qu’il m’ai été donné de voir… Dommage


A French Watcher

vendredi 17 mai 2013

Argo


Mercredi 15 mai, fin du visionnage d’Argo de et avec Ben Affleck. Même si j’ai toujours eu du mal à envisager qu’on puisse réussir un film en étant à la fois devant et derrière la caméra, certains réalisateurs, comme Clint Eastwood ou dans ce cas Ben Affleck, maîtrise bien voire même très bien l’exercice. Argo c’est donc l’histoire vraie d’un agent de la CIA spécialiste des exfiltration d’otages qui monte une vraie fausse production hollywoodienne pour faire sortir d’Iran un groupe de diplomates américains qui ont trouvé refuge chez l’ambassadeur du Canada à Téhéran. Le contexte historique (la crise iranienne des otages) est bien réel et l’opération Argo aussi, enfin si on en croit les dossiers de la CIA sur le sujet, déclassifiés secret défense en 1997 par le président Bill Clinton. Je dis ça parce que c’est vrai que si j’avais ces fameux dossiers sous les yeux j’oserais à peine y croire tant cette histoire parait dingue. Dans le même ordre d’idée, si ça ne s’était jamais produit, je crois que personne n’aurait pensé à inventer un truc pareil. Bref, vous voyez où je veux en venir.

Enfin bon, une histoire tellement dingue qu’au cinéma ça devient un scénario génial. Tellement génial d’ailleurs que le film a reçu la bagatelle de 12 prix du meilleur scénario comme aux Oscars où il s’est vu décerné le prix du meilleur scénario adapté. Un long métrage qui semble d’ailleurs tout bonnement fait pour remporter des prix, au vu de ses résultats dans les nombreux festivals pour lesquels il a été nominé en 2012 : 48 prix au total dont 15 du meilleur film et 12 du meilleur réalisateur pour Ben Affleck.
 Ce qui est paradoxale et en même temps très fort dans Argo, c’est l’empathie que Ben Affleck arrive à susciter pour des personnages dont on ne sait finalement pas grand-chose. Pour tout vous dire, mis à part Tony Mendes, le personnage principal incarné par Ben Affleck, je ne me souviens d’aucun des noms des personnages du film et en particulier des six otages évadés qui sont pourtant le point central du film. Mais même si dans le fond on ne les connait pas, on se sent quand même super concerné par leur sort. Ca m’offre une transition pour ce qui est pour moi la plus grande réussite du film, à savoir la séquence du passage des contrôles de sécurité à l’aéroport. Parce que cette scène est à mon sens un véritable exploit de réalisation. En effet, on connait déjà la fin de l’histoire puisque : d’un, c’est une histoire vrai qui s’est donc par définition déjà produite, et surtout de deux parce que c’est un film américain et que dans un film américain on ne va quand même pas laisser un agent de la CIA et six diplomates se faire arrêter et exécuter par des islamistes ! On se doute donc bien qu’ils vont tous rentré sein et sauf au pays, en plus on les connait à peine, mais il n’y a rien à faire on se sent quand même super concerné et on stress à chaque vérification de passeport. Vous l’aurez compris, Argo c’est une prouesse de réalisation et ce n’est pas un hasard si Ben Affleck a personnellement récolté 29 prix pour ce long métrage. Et deuxième transition, presque une double transition même. On parlait donc du suspens que parvient à installer le film autour d’une histoire dont on connait déjà la fin et des prix qu’il a récolté. Et bien ce suspens doit beaucoup au montage. En effet au cinéma on écrit un script avec la durée des plans mais entre ce qui est écrit et ce qui rendra finalement le meilleur résultat on a le chef monteur et son équipe qui sont garant du rythme du film. Je disais donc un montage alterné entre Hollywood, les bureaux de la CIA et l’aéroport de Téhéran. Bref, entre d’un côté nos héros sur le point de se faire arrêter et torturé, donc tout proche d’une mort dans d’atroce souffrance et d’un autre côté tous les grains de sable qui viennent se glisser dan les rouages de l’opération Argo et qui mettent à chaque instants la vie des héros susmentionnés en péril. On doit ce montage à William Goldenberg qui avait déjà travaillé avec Ben Affleck sur Gone baby gone et qui a également œuvré sur le Zero Dark Thirty de Kathryn Bigelow, un des concurrents d’Argo dans les festivals en 2012. Bref un chef monteur émérite récompensé 11 fois au cours de sa carrière dont 6 fois pour Argo qui a été récompensé 5 fois pour le meilleur montage. On compte parmi ces prix un Oscar et un BAFTA (British Academy Film Awards, l’équivalent des Césars au Royaume-Unis). Vous l’aurez compris, le montage contribue largement à la réussite du film en créant le suspens qui caractérise le bon thriller qu’est Argo.
Pour en finir une bonne fois pour toute avec les prix quelques chiffres marquants. Le film à été nominé 7 fois aux Oscars 2013 ce qui le place en 5ème position des nominations pour cette édition. Il y a remporté trois prix dont celui du meilleur film, ce qui en fait la deuxième œuvre la plus primée avec Les Misérables de Tom Hooper et derrière L’odyssée de Pi d’Ang Lee qui a obtenu 4 statuettes pour 11 nominations. Ce qui fait d’Argo le film ayant le meilleur ratio récompense/nomination avec un 3/7. Et c’est un 2/5 au Golden Globes où le film a obtenu deux des prix les plus importants : meilleur film dramatique et meilleur réalisateur.
Un autre aspect fait d’Argo une œuvre qui embarque complètement le spectateur, les costumes. L’action du film se déroule en 1979 et l’ambiance année 80 est retranscrite à la perfection. Grosses lunettes, grosses moustaches, coiffures et vêtement improbables, on s’y croirait. On notera que Jacqueline West, la chef costumier, a, en 2008, été nominée au Costume Designers Guil Awards dans la catégorie film d’époque pour L’étrange histoire de Benjamin Button de David Fincher. Inutile de préciser que son truc c’est faire revivre une époque à travers les fringues des acteurs. Outre Benjamin Button elle a aussi habillé Mark Zuckerberg dans The Social Network également pour Fincher. Terence Malik lui a lui aussi confié la création des costumes pour trois de ces films : Tree of life, A la merveille et Le nouveau monde. Enfin bon, Jacqueline West c’est pas une énorme référence mais c’est tout de même une valeur sûre dans le monde des costumes, lesquels contribuent largement à l’ambiance et donc à la réussite du film.
On finira avec les acteurs. Que dire sinon que Ben Affleck est aussi bon devant que derrière la caméra et que la performance de Bryan Cranston, (le papa de Malcolm) avec son personnage pris entre les devoirs d’obéir aux ordres de ses supérieurs et de soutenir son agent de terrain, est intéressante. Mais à mon sens, ce n’est pas de ce domaine que le film tire sa réussite.
Cette fois je serais plus tranché que pour les critiques précédentes. Argo c’est top, on passe un super moment et à mon avis le film mérite entièrement ses prix. Ce film est plus que « pas mal » même si je ne le mettrais pas non plus dans mon top 5. Vous aimez les thrillers, les histoires dingues et le cinéma en général, alors procurez vous Argo et regardez le au plus vite si ce n’est déjà fait…

A French Watcher

samedi 11 mai 2013

The Crazies



Samedi 11 mai, fin du visionnage de The Crazies de Breck Eisner. J’aimerais soulever un premier point avant de réellement commencer cette critique. Le film est un remake du The Crazies (La nuit des fous vivants en français) de Monsieur George Andrew Romero. Pour ceux qui ne connaîtraient pas il s’agit du maître et pionnier absolu du film de zombies à qui on doit, entre autres,  La nuit des morts-vivants (The Night of the living dead) une référence du genre sortie en 1968 et qui a également connue de nombreuses tentatives de remake. Bref fin de la digression et retour au film. Je tiens à signaler que la parenthèse n’avait pas pour unique but d’étaler ma culture (bien limité au demeurant) à propos de Romero et des films de zombies, mais qu’elle comporte un réel intérêt pour la suite de la critique puisque l’un des executive producers du  The Crazies d’Eisner n’est autre que George Romero. Même si habituellement le producteur exécutif n’a pas vraiment de droit de regard sur l’aspect artistique du film, ça donne quand même du cachet à un remake d’avoir le réal de l’original dans son équipe de production.
                Bon cette fois on s’y remet. Alors pour resituer un peu l’histoire il s’agit d’une contamination qui touche une petite ville du fin fond des USA et qui transforme les habitants en meurtriers à la chaîne. L’idée de base est intéressante, écartant un peu le film du simple long métrage de zombies sans originalité. Enfin, là on parle juste de l’idée, parce que la réalisation d’Eisner (qui avant ce film était pour moi un illustre inconnu) est ultra classique ! Qu’il y ait du jump scares  je ne suis pas contre, c’est même un procédé que je trouve essentiel dans le cinéma d’horreur, pour installer un peu de tensions et faire varier le rythme. Le problème est qu’ici, la réalisation est tellement classique et sans surprise que lorsqu’on est un minimum amateur de film d’horreur, on sait à l’avance quand on doit sursauter, ce qui enlève évidement tout l’intérêt de l’effet. Bref c’est classique et donc un peu décevant, mais c’est propre. Je suis peut-être même un peu dur, on a tout de même droit à de belles scènes. Je pense notamment à la scène de combat de la morgue ou encore à l’arrivé de Judy en quarantaine. Il y a pas à pas à dire, comme dans Meurtre à la Saint Valentin, le masque à gaz ça fait toujours son petit effet. L’image est propre et pour cause, le directeur photo, Maxime Alexandre, est un acolyte d’Alexandre Aja avec lequel il a travaillé sur Mirrors, La colline à des yeux, Haute tension ou encore Deuxième sous-sol (pas réalisé mais écrit et produit par Aja). Ce qui nous donne des teintes et une lumière agréables, bien dans l’ambiance du film. La dernière scène est d’ailleurs très jolie bien que déjà vue (les deux héros marchant vers la caméra avec en fond les flammes d’une explosion).
                Penchons nous également sur les acteurs. Thimothy Olyphant en héros, c’est cool ! Ca nous fait un beau shérif courageux et prêt à tout pour sauver sa femme. Sa femme d’ailleurs, parlons-en. Incarnée par Radha Mitchell (la maman de la petite fille dans Silent Hill) c’est un bon personnage qui suscite l’empathie et tout et tout mais uniquement jusqu’au milieu du film. Parce que être douce, attentionnée et naïve quand tout va bien c’est mignon, mais quand toute la ville aidée par l’armée cherche à vous buter, ça devient presque agaçant. Il faut attendre la toute fin du film pour voir madame commencer à se prendre en main et essayer de survivre sans l’aide permanente de son shérif de mari. Là encore je suis peut-être un peu dur, parce que des personnages stupides dans les film d’horreur c’est pas ce qui manque mais quand même ! En général un couple de héros ça tient à peu près la route !
                Voilà, comme beaucoup, The Crazies c’est pas un mauvais film mais c’est pas un chef d’œuvre non plus. Dans le film de contamination qui n’est pas un film de zombie (et ils ne sont pas légion) j’avais préféré Phénomène.
A French Watcher

dimanche 21 avril 2013

The Place Beyond the Pines

Samedi 20 avril 2013. Sortie de salle après The place beyond the pines de Derek Cianfrance. Un film intéressant je dois dire. Les 2h20 sont assez équilibrées. L’histoire nous est présentée dès le départ avec l’apparition du personnage de Luke (Ryan Gosling) dès le premier plan. En effet c’est bien ce fameux Luke qui est le centre de toute l’histoire. Originalité de l’intrigue, ce personnage principal n’est présent que pendant la première moitié du film. Cianfrance nous emmène aux cotés de ce cascadeur à moto et nous permet d’adopter sont point de vue, de partager ses joies, ses peines et ses désirs. Ce choix narratif a fait que je me suis immédiatement attaché au personnage de Luke.


            Un des aspects intéressant du film est d’ailleurs la présence de ces changements de points de vue. La première partie du film est consacrée à Luke et à sa quête pour reconquérir sa famille et en particulier Romina, la mère de son fils de un an. La seconde nous dévoile la convalescence aussi bien mentale que physique, d’Avery Cross (Bradley Cooper), un policier qui devient malgré lui un héros local après avoir abattu Luke. Se retrouvant du jour au lendemain la coqueluche du commissariat il découvre à quel point la police du conté de Schenectady est corrompue. Un malaise qui le poussera à lui aussi transgresser les règles pour se faire nommer substitut du procureur. La troisième partie qui se déroule après une ellipse de 15 ans met en scène les fils des deux premiers protagonistes. J’ai trouvé intéressante la façon dont Derek Cianfrance, qui a également écrit le film, a fait entré tour à tour ses personnages dans l’histoire en les liant tous via la mort de Luke puisqu’en effet il s’agit de l’événement autour duquel gravite tout le film.
            La façon de filmé du réalisateur m’a évoqué ces film tel The Wrestler, Fighter ou encore 8 miles. Vous savez ces film qui versent dans l’hyperréalisme avec de la caméra à l’épaule et une luminosité qui reste relativement naturelle, comme dans ce genre de plans où on suit le personnage qui s’en va ouvrir la porte de sa caravane (mis à part Fighter où les personnages vivent dans une maison, bien que celle-ci ne doit pas avoir beaucoup plus de valeur qu’une caravane). Vous savez ces films qui vont plonge dans l’Amérique pauvre, au beau milieu de ceux qu’on appelle les White Trash. Bref rien de bien novateur dans la réalisation elle-même. Mais cette ambiance d’Amérique profonde n’est pas dénuée de charme quand Jason, le fils de Luke s’en va à moto, roulant ainsi dans les trace de son père, le tout accompagné d’une BO qui apporte le petit plus en émotion qui aurait pu manquer au film.

            Au final, je retiendrai une narration intéressante, une réalisation déjà vu mais efficace qui m’a offert l’émotion que j’attendais sans, pour autant, me faire verser ma larme. Sans être une perte de temps, The place beyond the pines n’est cependant ni une révélation ni une claque cinématographique.
A French Watcher

lundi 18 février 2013

Lincoln


Dimanche 17 février 2013. Sortie de salle après Lincoln de Steven Spielbderg. Un film intéressant bien que l’histoire ne soit pas très accessible, dans son détail, pour ceux qui comme moi n’ont que de vagues connaissances de l’Histoire qui s’y rattache.
Lincoln, étant un des films les plus attendu aux Oscars, était un des films dont j’attendais le plus en ce début d’année 2013. Pour la performance de Daniel Day-Lewis notamment, que j’ai trouvé très bon, nous offrant pendant la majeure partie du film un personnage calme et plein de conviction. J’ai particulièrement apprécié le Lincoln las et fatigué de la fin du film. Fatigué du combat pour l’égalité et la liberté qu’il vient de mener et las de la responsabilité des milliers de vies sacrifiées pendant la guerre qu’il porte comme un fardeau.
A l’image de cette performance, c’est pour moi la fin du film qui est la plus réussite. On comprend d’autant mieux ce fardeau au moment où le président américain se rend sur le front de Petersburg, Virginie, après la reddition des confédérés. Dans cette scène, Spielberg nous présente l’horreur de la guerre de Sécession et de la guerre en général grâce à des images à la fois riches en symbolique (les corps empilé formant comme une haie d’honneur au président de l’union déambulant à cheval) et en violence (ce corps, ou devrais-je dire cette moitié de corps, dont il ne reste que les jambes et dont la chaire rouge tranche avec le bleu de l’uniforme). On pourrait alors presque sentir l’odeur de la chaire brulée et des corps commençant à se décomposer qui nous prend au nez.
Thaddeus Stevens, le personnage interprété par Tommy Lee Jones, m’a également fait forte impression. Sa prise de parole devant la chambre est d’ailleurs selon moi l’un des trois moments les plus forts du film (avec la scène du charnier de Petersburg et le vote du 13 amendement à la chambre). Ce personnage représente à lui seul, tout le courant humaniste du XVIIIème siècle. De plus il fait preuve de toute la passion et l’emportement que lui autorise son rôle de « simple » représentant, une spontanéité que ne peut se permettre Lincoln de part sa fonction et sa personnalité.
Pour en venir au vote du 13ème amendement de la constitution américaine, puisque c’est bien de cela que traite le film, pas de suspens, on connait tous l’Histoire, et pourtant… C’est bien là tout le génie de Spielberg, arriver à faire monter le suspens autour d’un dénouement que tout le monde connait déjà. La scène du vote de la chambre est un model du genre. La musique je John Williams accompagne magnifiquement cette monté en tension ainsi que tout le reste du film.
Sans être une claque, ce Lincoln est un film intéressant, plein de nuance et qui donne envi d’en savoir plus sur Lincoln, Stevens et tout ceux, y compris les opposants, qui ont pris part à cette page de l’Histoire, à ce pas de géant pour l’Humanité. Qui aurait pu croire qu’on puisse être tenu en haleine par près de 2h30 d’Histoire. Nos profs devraient en prendre de la graine…

A French Watcher