Un après midi dans les locaux de la
radio RCF. L'équipe du film De toute nos forces s'installer dans
le studio pour enregistrer l'émission cinéma du mercredi suivant. Il y a Nils
Tavernier, le réalisateur. Jacques Gamblin et Fabien Héraud, les acteurs principaux
et Philip Boëffard, producteur du long métrage. La discussion commence, les
questions s'enchaînent. En cabine avec l'ingé son, j'observe. C'est fascinant
de voir un réalisateur parler de son travail, de ce qui a été compliqué à
tourné, des choix de cadrage et de montage et surtout de l'intention qui sa
cache derrière. L'interview se déroule. Tavernier explique alors que le
handicap n'est pas vraiment le thème
principal du film. "En réalité dit-il il s'agit plus d'un film sur la famille. Cette
famille est en train d'exploser mais la rage de vivre et la volonté de Fabien
lui permettent de se reconstruire." Une volonté intéressante. Si c'est
réussi, et si le film n'est pas qu'une fiction du plus sur le courage des
handicapés, il se peut que ce soit un bon voire un très bon film. A sa sortie
du studio, j'en profite pour échanger quelques mots avec Nils Tavernier. Je lui
dis ce que je viens de vous dire et avant de s'engouffrer dans l'ascenseur, il
me lance: "Viens à l'avant-première
ce soir, tu te feras ta propre idée." Inutile de me le dire deux fois.
Sortie de salle après De
toute nos forces, de Nils Tavernier. Voilà, je viens donc de voir le
film et d'assister à la séance de questions. Une soirée plutôt sympa dans
l'ensemble. J'avais vu la bande-annonce avant de rencontrer Tavernier chez RCF.
Plutôt bien faite avec de l'émotion et tout et tout, de quoi me donner envie de
voir le film quoi. Mais mon expérience m'a appris à ne pas me fier aux
bandes-annonces (surtout à celles de Sofia Coppola depuis Somewhere. Ce fut un
petit traumatisme, je ne m'étendrai pas sur le sujet). Je suis donc
relativement méfiant vis-à-vis des bandes-annonces. Après tout ce ne sont que
des outils promotionnels développés par les producteurs. Mais là c'est
différent. En effet, Philip Boëffard avait expliqué qu'ils n'avaient pas
réalisé cette bande-annonce avec des gens rodés à l'exercice, qui sont
spécialisés dans le domaine et qui utilisent à peu près toujours la même
formule: on condense les meilleurs moments du film en une minute trente de
temps puis on l'envoi à Allociné et aux chaînes de télé. Le but étant de ne pas
survendre le film mais de montrer son réel esprit. "On voulait que les gens ressentent, grâce à la
bande-annonce, l'émotion que nous avons
voulu mettre dans le film."
Et je dois dire que le pari est
plutôt réussi. Le film était plus ou moins ce à quoi je m'attendais. Mais
finalement, est-ce que ce n'est pas un peu nul d'aller au cinéma pour voir un
film qui est fidèle à ce qu'on attendait ? J'ai envie de dire, au moins on
n'est pas déçu #Somewherejetehais. Mais d'un autre côté c'est un peu fade et
sans surprise. Et c'est un peu ce sentiment qui prédomine à la fin. Le film est
bien, voire même très bien. La psychologie des personnages est très bien
développée. En une heure et demi Nils Tavernier arrive à nous faire saisir les
principales motivations et les principaux enjeux, conflit ou mal être. Bien
qu'un peu cliché le personnage de Jacques Gamblin reste touchant et
l'intelligence de la mise en scène permet de ne pas tomber dans le pathos, ce
qui est un grand risque dans ce genre de film. La mini histoire d'amour entre
Jullien et la nouvelle patiente du centre de rééducation nous suffit à nous
identifier et ainsi à ne pas considérer le personnage de manière condescendante.
Ces petites scènes ne sont pas utiles à l'histoire mais elles permettent au
réalisateur de rapprocher le spectateur de son personnage principal et ainsi de
ne pas en faire juste un handicapé. Sur ce plan, la séance de question du
public m'a beaucoup agacé. On a eu droit à la larmichette de la grosse dame du
troisième rang qui a dit à Tavernier d'une vois tremblante: "Vous donnez de l'espoir à toutes les familles d'enfants
handicapés." J'ai alors eu une forte envie de me lever et de lancer "Ca ce n'est pas une question madame,
vous deviez vous abstenir pour laisser la parole aux gens qui ont vraiment des
interrogations sur le film !" Mais bon, je sui un peu dure, après tout
c'est un temps "d'échange avec le public" pas forcement la réunion d'un
ciné-club. Mais une chose m'a encore plus agacée. Les questions à destination de
Fabien Héraud du genre "Ca n'a pas
été trop dure de tourné ce film dans votre état ?" D'autant plus que
Nils Tavernier s'est fait une spécialité de filmer les personnes malades ou
handicapées comme dans Le mystère des jumeaux où le réalisateur
raconte notamment le destin de Audrey et Diane Pleynet, des jumelles pianistes
qu'une maladie orpheline a failli définitivement éloignées de la musique. Tout
ça pour dire que si c'est pour voir du pathos et de la victimisation
d'handicapé, ce n'est pas chez Tavernier que ça se passe. Voilà, fin du coup de
gueule.
Bon
sinon visuellement, les plans du départ de l'Iron Man de Nice sont vraiment
beaux, et on saisit d'autant plus la performance quand on sait qu'ils n'ont pu
être tournés qu'une seule fois. En effet, l'équipe du film à eu l'autorisation
de tourné au beau milieu du départ de la course. Pas question donc de faire ressortir
6000 concurrents de l'eau en leur disant "Désolé elle n'est pas bonne il
faut la refaire." Les plans de montagne sont également bien réussis. Il se
dégage quelque chose d'apaisant de ce film. Le rythme n'est pas effréné comme
dans d'autres films sur le sport, car ici, le but n'est pas de gagner, c'est de
finir. Ce n'est pas la performance qui compte, puisque nager sur 4 Km, pédaler
pendant 180 Km et courir 42 km c'est déjà une performance.
Vous
l'aurez compris, globalement le film est pas mal, sans être extraordinaire. On
passe un bon moment mais on ne ressort pas bouleversé et perdu comme ça peut
être le cas avec de grand film. Voilà, De toutes nos forces ce n'est ni un
mauvais film, ni un grand film. C'est entre les deux.
A French
Watcher